Découpes et plis

– Découper

Quand on trace une ligne avec un scalpel, le geste est unique.
Il n’y a pas de repentir, la ligne est nette, le contraste extrême, la chose est posée.
Découper c’est dessiner, et chaque ligne est un geste définitif.
Cela demande une certaine concentration et une forme d’assurance.
Trancher dans un souffle, c’est choisir, décider, rompre l’unité.
Laisser la lumière passer, percer, ouvrir.
J’utilise le scalpel ou la découpeuse numérique, pour créer des images et jouer avec les ombres.
Certain de ces dessins deviennent des formes et se déploient dans l’espace par le pli.

– Plier

Le remplacement de la physique Newtonnienne par les théories d’Einstein a mis en évidence le lien qui existe entre le temps et l’espace, et le fait notre univers se loge tout entier dans un pli particulier de l’espace et du temps.
Ce serait même ce pli qui les fait exister en tant que tels.
L’univers serait lui-même plissé de mille aspérités.
Toute création plie le réel. Tout pli crée des mondes.
Extruder le plan en montagnes et vallées fait jaillir l’altérité de chaque choix, de chaque instant.
Chaque pli est un ressort qui contient de l’énergie : Celle du geste du plieur à l’instant du pli, mais également celle du matériaux qui résiste.
Plier, c’est transformer un plan en volume.
Partir d’une feuille d’un medium pliable (le papier est le roi, mais l’acier peut se plier) et lui donner un volume, qui conserve pourtant sa surface.
Ce n’est pas une extrusion, ni un gaufrage, car sa surface reste identique à celle du plan, devenu volume par ses facettes.
Chaque pli constitue également une articulation et une résistance du matériaux lui-même. Comme un ressort, le pli est élastique et contient une énergie, une dynamique.
Un élan, un mouvement interne.
Le pli, expression physique, a également une portée symbolique. Il permet notamment de relier les différentes parties d’un tout. C’est pourquoi le pli est souvent synonyme de continuité, continuité des surfaces, continuité de fonctions, continuité entre l’intérieur et l’extérieur.
En effet, la complexité issue du pli naît de l’unité (la feuille que l’on plie n’est pas divisée). Continuité que met déjà en avant Leibniz (cité par Deleuze) dans sa métaphore du pli :

« La division du continu ne doit pas être considérée comme celle du sable en grains, mais
comme celle d’une feuille de papier ou d’une tunique en plis, de telle façon qu’il puisse y
avoir une infinité de plis, les uns plus petits que les autres, sans que le corps se dissolve
jamais en points ou minima. »

Publication dans la revue de cinéma « Vertigo »

La belle revue de cinéma Vertigo a consacré, dans son numéro 47, un très bel entretien à Tariq Teguia à propos de son film « Révolution zendj »

Elle m’a fait aussi l’honneur de présenter sur une double page quelques uns de mes talismans de papier.

 

TEXTURES :

tapis01
tapis02

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